Se débarrasser d'une mycose des ongles
- Arnaud
- 21 mai 2016
- 4 min de lecture

La mycose des ongles, ou onychomycose, touche de plus en plus de personnes, avec une répartition très variable au cours de la vie : elle affecte très peu les enfants, mais touche presque 30% des personnes agées de 70 ans et plus.
Elle n’est pas dangereuse ni vraiment désagréable (elle ne déclenche pas de démangeaisons), mais elle est esthétiquement invalidante, et peut conduire à une forme d’éviction sociale. De plus, elle se révèle très difficile à soigner. En effet, de nombreux facteurs intrinsèques s’opposent à la guérison :
Le fait que l’ongle soit épais et dur rend la pénétration des produits actifs délicate
La structure de l’ongle favorise le développement des agents pathogènes, par exemple entre l’ongle et la peau.
Le fait que l’ongle pousse lentement (un ongle des orteils pousse d’environ 1 à 1,5mm/mois et se régénère totalement en 12 à 18 mois !)
Pour toutes ces raisons, les traitements de l’onychomycose doivent être poursuivis pendant au moins 3 mois avec une application biquotidienne pour espérer un résultat !
Les différents types de mycoses des ongles :

Cette affection peut-être due à deux types d’agents pathogènes :
Champignons de la famille des Dermatophytes : ces petites bêtes se nourrissent de la kératine de nos ongles, et adooooorent les endroits humides, chauds et obscurs (comme des pieds coincés dans des chaussures)...
Levrures de la famille des Candida : Bien connues pour donner des mycoses génitales ou cutanées, ces levures peuvent aussi coloniser l’ongle.
Il est relativement simple de différencier ces deux types de mycose. Celle à levure touche en général d’abord la lunule, puis progresse (ou pas) vers la périphérie. Celle à dermatophytes suit souvent le chemin inverse : elle touche d’abord la périphérie, puis progresse vers la lunule.
Attention, bien que ces deux généralités soient valables dans la majorité des cas, des exceptions existent... Dans tous les cas, consultez votre médecin !
Nous parlerons ici des onychomycoses à Dermatophytes, qui sont (et de loin) les plus fréquentes.
Les traitements :
Les traitements naturels de cette affection s’organisent autour de plusieurs axes :
Amincir l’ongle : les dermatophytes occasionnent un épaississement de l’ongle, qui aboutit parfois à son détachement. Il conviendra donc de réduire son épaisseur (en le limant) et de le couper court. Ces deux actions auront pour rôle de limiter les refuges pour les champignons (qui aiment bien se loger entre l’ongle et la peau) et surtout de favoriser la pénétration des actifs que vous allez appliquer dans la phase 2.
Appliquer une lotion alcoolique aux huiles essentielles (HE). Etant donné que les champignons se nourrissent souvent de corps gras, il vaut mieux éviter de mettre les HE dans des crèmes ou des huiles végétales. En revanche, les diluer dans de l’alcool offre un excellent moyen de les appliquer sur l’ongle, avec une bonne tolérance et une grande efficacité contre les dermatophytes.
Les huiles essentielles efficaces contre les dermatophytes :
Voici une revue (non-exhaustive) des principales HE dont l’effet contre les dermatophytes a été particulièrement documenté. Attention, nous ne préconisons pas (évidemment !) de mélanger toutes ces HE pour traiter une onychomycose. Vous trouverez une préconisation en fin d’article !
La lavande et le tea tree :
Une étude* a mis en évidence l’efficacité des HE de Melaleuca alternifolia et de lavandula vera contre les dermatophytes. Mais surtout, cette étude a montré l’intérêt des synergies : en associant les 2, on obtient une action plus forte que chacun indépendamment, alors qu’aucun nouveau composé ne s’est formé.
Des phénols, tels que le thymol et le carvacrol, ou des cinnamaldéhydes :
Les HE de Satureja montana (sarriette, qui contient surtout du carvacrol et un peu de thymol) ou de Thymus vulgaris Sb thymol (thym à thymol, qui contient surtout du thymol et un peu de carvacrol) sont efficaces contre les dermatophytes.
Il a été démontré**** que la cannelle écorce (Cinnamomum zeylanicum), riche en cinnamaldéhyde, était également efficace.
Il faudra cependant être vigilant car ils peuvent s’avérer caustiques sur la peau !
HE riches en aldéhydes : Citronelle, Eucalyptus citronné et Litsée citronnée
Les HE de et Cymbopogon citratus ont montré (in vitro) un excellent effet anti-mycosique sur les dermatophytes**.
La Litsea citrata, en contenant du néral et du géranial, exerce également une action anti-fongique. Une étude *** a montré que le géranial surtout, mais également le néral***** et le citronellal étaient très efficaces contre les dermatophytes.
L’Ecualyptus citriodora, étant très riche en citronellal, a également été testé**** sur des cochons d’inde, et a montré une grande efficacité.
Pour les «experts», voici un tableau issu d’une étude très intéressante qui synthétise l’action de nombreuses HE sur différentes familles de dermatophytes.
Une préconisation :
Voici un exemple de synergie efficace contre les dermatophytes. N’oubliez pas de réduire l’épaisseur de l’ongle afin de favoriser la pénétration des actifs, et de le couper court tant qu’il ne repousse pas sain.
Melaleuca alternifolia (Tea tree) : 30 gttes
Lavandulla vera (lanvande vraie) : 30 gttes
Litsea citrata (litsée citronnée) : 20 gttes
Thymus vulgaris sv thymol (thym à thymol) : 10 gttes
Carum carvi (carvi) : 10 gttes
Diluer le tout à 50% (v/v) dans de l’alcool.
Placer la préparation dans un roll’on, et appliquer matin et soir sur les ongles atteints, pendant au moins 3 mois (prolonger si nécessaire).
* Cassella, S., Cassella, J. P., & Smith, I. (2002). Synergistic antifungal activity of tea tree (Melaleuca alternifolia) and lavender (Lavandula angustifolia) essential oils against dermatophyte infection. International Journal of Aromatherapy, 12(1), 2-15.
** Lima, E. O., Gompertz, O. F., Giesbrecht, A. M., & Paulo, M. Q. (1993). Im vitro antifungal activity of essential oils obtained from officinal plants against dermatophytes. Mycoses, 36(9‐10), 333-336.
*** Jeung, E. B., & Choi, I. G. (2007). Antifungal activities of the essential oils in Syzygium aromaticum (L.) Merr. Et Perry and Leptospermum petersonii Bailey and their constituents against various dermatophytes. The Journal of Microbiology, 460-465.
**** Kishore, N., Mishra, A. K. and Chansouria, J. P. N. (1993), Fungitoxicity of essential oils against dermatophytes. Mycoses, 36: 211–215. doi: 10.1111/j.1439-0507.1993.tb00753.x
*****Nardoni, S., Giovanelli, S., Pistelli, L., Mugnaini, L., Profili, G., Pisseri, F., & Mancianti, F. (2015). In Vitro Activity of Twenty Commercially Available, Plant-Derived Essential Oils against Selected Dermatophyte Species. Natural product communications, 10(8), 1473-1478.
******Janssen, A. M., Scheffer, J. J. C., Parhan-Van Atten, A. W., & Svendsen, A. B. (1988). Screening of some essential oils for their activities on dermatophytes. Pharmaceutisch Weekblad, 10(6), 277-280.
Comments